Dominique alliadère
éclats de vert en noir et blanc
Dominique Aliadière aime les arbres. Comme son père les aimait. Lui-même est une espèce d’arbre, genre chêne, avec par-ci par-là un peu de lichen sur l’écorce. Il les regarde, dans son Limousin, en Bretagne, n’importe où. De près, de loin. Il les a beaucoup photographiés.
Il n’a plus besoin, pour les dessiner ou les graver, de les avoir sous les yeux, ils sont surtout prétexte, même si, devant sa table de travail, sont encadrées trois photographies qu’il a prises il y a longtemps déjà : un arbre, une rangée d’arbres, une colline arborée sous un ciel sombre. Il se souvient aussi d’autres images, par exemple des Trois Arbres de Rembrandt, « un bon graveur contemporain »,
dit-il. Partirait-il du pied, de la souche, c’est dans la ramée qu’il élabore la plupart de ses ompositions. Les ramures, les rameaux, les ramilles n’ont pas de secret pour lui. On dirait les éclats d’une feuille de verre brisée. C’est de la matière transparente, du vitrail. Il sait que le ciel paraît plus clair entre les branches serrées, plus lumineux que dans les espaces lointains, où il craint que des nuées d’orage viennent soudain tout assombrir. Car il y a aussi de l’air, du vent et des tempêtes dans les estampes de Dominique Aliadière, qu’elles soient gravées en taille-douce ou en épargne. Les arbres craquent et se plient, les nuages noirs menacent. Cette gravure-là est faite aussi d’inquiétude et d’admiration primitive devant les forces de la nature. Si elles sont déjà puissantes isolées, l’artiste fait souvent s’entrechoquer ses images en les montant en diptyque, ou en triptyque, voire en très grands formats, pour restituer plus manifeste encore la tension dramatique qui les a inspirées.
Maxime Préaud - juin 2015
Avec l'aimable autorisation de la Galerie L'Échiquier
LA GRAVURE SELON MOI
La gravure m’a surtout permis l’approfondissement. La gravure n’est pas, pour moi, un simple procédé de reproduction. Les tirages d’état me permettent de garder le souvenir de certains moments forts et même de les éditer. La gravure conserve et montre ces états privilégiés. Il y a aussi la possibilité d’utiliser plusieurs matrices en les agençant, comme des polyptyques, de façons différentes, réunissant dans une seule image des moments plus ou moins éloignés dans
le temps. J’aime toutes les techniques de gravure, mais je préfère la taille directe qui me permet une grande spontanéité. En taille-douce c’est surtout le burin, la pointe sèche et les rehauts de berceau et en taille d’épargne, naturellement la xylogravure. La gravure est, pour moi, l’art des profondeurs.
Dominique Aliadière